PARTIE I. LA CRÉATION et LES GOLDEN SIXTIES
1958-1963. Mise en train par les T-groups à l’EPE
L’histoire de La Verveine, comme celle d’une séance de psychodrame, est liée à des cheminements personnels, des trajets singuliers, et en même temps reflète la quête d’un groupe de personnes et l’air d’une époque.
En 1958, je fis à des journées d’étude de l’École des Parents et des Éducateurs de Paris, la connaissance d’Anne Ancelin-Schützenberger et participai à un T-Group avec psychodrame qu’elle y menait. Je fus conquis, et rapidement la Belgique aussi, car, à partir de mai 1959, nous organisions à l’École des Parents de Belgique (EPE) et ailleurs masse de T-groups (déjà la première année 10 groupes Schützenberger.) On y vit participer des directrices d’écoles sociales intéressées au groupwork, des psychiatres communautaires, des supérieurs de congrégations rogériens et tout un public en recherche dans cette mouvance pré-68.
Le psychodrame était intégré dans ces T-groups(psychodrame triadique: Moreno-Lewin-Freud) mais la mise en question personnelle, même si elle est appelée « développement personnel » posait des problèmes à l’École des Parents et Éducateurs qui se voulait d’orientation plus pédagogique et moins thérapeutique. Ainsi il fût convenu que , si nous poussions dans cette dernière direction, ce serait en dehors de I’EPE.
1963. Congrès de Milan et la fondation du Groupe Belge de Sociodynamique et Thérapie de Groupe
De cette formation par le T-group était sorti une équipe belge qui commençait à mener du T-group en écoles sociales: René Portugaels, Lucien Welkenhuyzen, Françoise Monnoyer de Galland, et moi-même et elle s’intéressaient aux aspects thérapeutiques. Ainsi nous nous rendîmes ensemble au congrès de Psychothérapie de Groupe à Milan et participâmes à une journée de psychodrame post-congrès. J’y étais aussi avec mon épouse, Dorothée.
Nous jouâmes du psychodrame sous la direction de Moreno et j’en revins très enthousiaste. Sur le chemin du retour, notre groupe belge fonda le Groupe Belge de Sociodynamique et Thérapie de Groupe.
1964. Le premier congrès de psychodrame à Paris
A Milan, Anne Schützenberger s’était engagée à organiser, un an plus tard, un congrès international de psychodrame à Paris, à la Faculté de Médecine.
Ce congrès eut un succès fou: plus de 1.000 participants, dont beaucoup de belges. Les auditoires étaient trop petits. Nous fîmes la connaissance de l’équipe plus analytique de la SEPT: Lemoine et Blajan, de même que les époux Elefthery qui menaient un psychodrame qui nous séduisait. Moreno dirigea un psychodrame en anglais pour un petit groupe et la télévision ORTF. L’enregistrement existe encore. Il devait ensuite mener un psychodrame en public, dans un énorme auditoire de plus de mille places qui furent prises d’assaut par les étudiants. Moreno parla et joua, mais ne fit pas de psychodrame: le public était voyeur, les circonstances étaient défavorables. Je l’admirai beaucoup d’oser désappointer un millier de personnes plutôt que d’exposer et blesser un seul protagoniste.
1964. L’après-Paris et l’infusion de verveine de Mère Marie-Alphonse
Beaucoup de belges avaient été au congrès de Paris et étaient revenus enthousiastes. Parmi eux, Sœur Lucienne Carbonet (Mère Marie-Alphonse), une psychologue française qui avait travaillé au Brésil. Elle me proposa de réunir chez elle, dans une pédagogie de la rue des Joyeuses Entrées à Louvain, les anciens de Paris que nous connaissions, et dont bon nombre étaient de l’université de Louvain. Elle nous recevait avec plaisir et bien. Elle servit des sandwiches, et proposa au bon moment des breuvages: « Vous voulez du vin ? , De la limonade ? De la bière ? Du café ? Une infusion de verveine ? » Le public aimait les expériences nouvelles et dit: « Pourquoi pas de la verveine ? » II en fût de même aux réunions suivantes, de sorte qu’on se mit à parler entre nous de notre groupe de « La Verveine ».
Le groupe de « La Verveine »
Dans les années qui suivirent, Anne Ancelin-Schützenberger vint régulièrement en Belgique pour mieux nous former et entendit toujours parler du groupe de « La Verveine », même si elle était invitée par le Groupe Belge de Sociodynamique. Dans son livre « Précis de Psychodrame »
(1966) elle parla de l’extension du psychodrame en France, et aussi en Belgique, et du leaderless groupe La Verveine, avec P. Fontaine. Je fus d’abord fâché. « Non, il s’agit de la section psychodramatique du Groupe Belge de Sociodynamique et Thérapie de Groupe! « La Verveine » est un petit nom destiné aux initiés et non à une publication ».
Puis, réflexion faite, quand d’autres se mirent à s’adresser à nous sous ce nom, on se dit « et pourquoi serait-ce mieux de porter un nom en jargon latin-grec comme « sociodynamique » ou une séries d’initiales, comme une entreprise industrielle. Pourquoi pas un nom de fleurs, comme certaines chambres de rhétorique flamandes. Et les infusions de simples et les filtres magiques ne peuvent-ils changer l’âme ? Ma « Flore médicale belge » de Sonet (1899:232), héritage familial, nous dit de la verveine: « son infusion guérit la jaunisse, la migraine, les coliques, pousse le calcul et guérit les plaies. Son suc éclaircit la vue et nettoie les yeux. Ce suc, nouvellement tiré, est purgatif. Il évacue particulièrement la pituite (humeurs mauvaises de I’alcoolique). Ces vertus de purge, purification et insight nous semblèrent correspondre au psychodrame. Enfin remarquons que la verveine officinale est une fleur en grappe ou groupe, dont chaque fleur s’ouvre individuellement, dans un ordre difficile a prévoir.
Ainsi le nom fut accepté, et resta.
LA VERVEINE 1964-1965
- Maria BELLO
- Lucienne CARBONNET
- Axelle CASSIERS
- Ferdinand CUVELIER
- Agnès DELVILLE
- Patrick DENEUTER
- Dorothée FONTAINE
- Pierre FONTAINE
- Francis MARTENS
- Annie MATTHEEUWS
- Yvonne ROUSSEAU
- Alfred VANESSE
- Jacques VAN RILLAER
- Anne-Marie WILLETTE
1965. Le leaderless group
Le groupe de la Verveine demanda des formateurs français en week-ends résidentiels 3-4 fois par an. Nous eûmes principalement Anne Ancelin-Schützenberger, et quelque fois Paul et Gennie Lemoine, ainsi que Simone Blajan-Marcus de la SEPT.
Entre les week-ends, il y avait des séances le jeudi soir, au domicile de Pierre Fontaine, sans que celui-ci soit l’animateur du groupe. Il était reconnu comme hôte, et comme ayant toute une expérience psychodramatique, mais aux week-ends avec les animateurs étrangers,il jouait parfois ses problèmes personnels. Pour les séances du jeudi soir, il n’était pas payé,(mais Dorothée recevait un cadeau en fin d’année). Parfois il animait, mais d’autres se mettaient à animer aussi.
Pierre Fontaine ne se sentait pas prêt à prendre ce rôle de leader: à se démarquer ainsi dans un groupe de pairs d’une part, et à se déclarer égal de la mère de ce groupe Anne Schützenberger d’autre part. C’était donc un groupe sans leader fixe, qui cooptait ses membres, et passait assez bien de temps à cette gestion. C’était l’époque d’une certaine non-directivité et autogestion. La cooptation amenait à tourner un peu en rond dans le même milieu d’amis et l’on trouvait des époux ensemble, et des patrons avec des assistants.
Certains voyaient ce groupe du jeudi comme un groupe d’Intervision technique, mais d’autres voulaient aller plus en profondeur, comme aux week-ends. Le besoin se faisait sentir d’avoir un vrai responsable, permanent, payé, qui resterait hors du jeu avec ses problèmes.
Autour de cette demande il y eut, fin 1965, une crise. Certains membres quittèrent le groupe et s’orientèrent vers la psychanalyse et ceux qui se sentaient responsables du groupe amorcèrent une structuration.
1966, Structuration : la table des formateurs Fontaine-Cuvelier
En janvier 1966, on redémarra de façon plus structurée. On plaça une petite table devant l’équipe des formateurs. On constitua une équipe dont Pierre Fontaine était le responsable, Ferdinand Cuvelier et Dorothée Fontaine les observateurs. Le responsable animait la séance jusqu’à ce qu’un protagoniste sorte du groupe. Celui-ci choisissait son animateur de jeu, et après le feed-back du protagoniste, le responsable reprenait le groupe en main pour le feed-back des participants, pour l’observation, et puis pour une discussion plus technique dont l’animateur du jeu était le centre et à laquelle les observateurs collaboraient.
Toutefois, progressivement, l’équipe s’affirmera, d’autres équipes se constitueront en dehors : Ferdinand Cuvelier et Annie Maltheeuws font du psychodrame a I’IMP de Lovenjoel, avec des alcooliques, et ils fondent l’Interaktie Akademie, centre néerlandophone de formation thérapeutique
1966. Le congrès de Barcelone. Les Elefthery
Le deuxième congrès international de psychodrame eut lieu a Barcelone. J’avais vu travailler les Elefthery à Paris, en avais gardé un bon souvenir et les avais contactés. Je les vis de nouveau à Barcelone, mener un jeu très bien structuré, qui nous séduit. Nous étions a Barcelone, Nand Cuvelier, Annie Mattheeuws, Dorothée et moi, avec Dolf Grünwald, psychologue néerlandais, que j’avais connu à la Kinderkliniek a Leiden, et qui avait partagé mon enthousiasme pour le psychodrame. Comme en Belgique, je ne connaissais pas assez de gens, parlant l’anglais, désireux de travailler avec Elefthery, on s’entendit avec Dolf: il inviterait les Elefthery aux Pays-Bas, en accord avec la Nederlandse Vereniging voor Groeps-psychothérapie et je me proposai d’amener quelques belges.
Nand Cuvelier, Anne Schützenberger et moi-même participâmes à ce premier groupe. Un élément que nous avons gardé de ce travail avec Dean et Doreen Elefthery était l’emploi du doublage. Doreen ne menait jamais la séance,mais était un double admirable. Revenant de notre première semaine avec les Elefthery, Nand et moi, qui menions le groupe, nous mîmes a doubler intensivement, ce qui provoqua pas mal de surprise, puis éclats de rire dans le groupe. Nous fîmes notre maladie d’identification.
1967. Co-animation Fontaine-Quintart
Nous étions dans notre phase expansive. Le groupe Elefthery nous émancipait par rapport à Anne Schützenberger, qui en faisait partie comme membre. Nous étions pleins d’idées et projets, et les demandes de formation au psychodrame affluaient. Anne prit en charge, en 4 week-ends par an, un groupe de formation, et j’étais prêt à prendre en charge un autre groupe, si je trouvais un bon co-animateur. Je désirais quelqu’un d’extérieur au groupe actuel, et ayant une formation analytique. J’avais en effet un peu peur de ne pas bien manier les problèmes de transfert, surtout vis-à-vis de moi, et, entrant en analyse, j’avais peur d’être fragilisé par moments.
Sur l’avis des Lemoine. je pris contact avec Jean-Claude Quintart, analyste, qui avait fait à Paris une formation chez eux et qui avait discrètement participé à un week-end de la Verveine.
II y eût entre nous pas mal de complémentarité. Je pus m’appuyer sur lui et il me laissait une place active. J’appréciais sa sensibilité.
1968. Folia Psychodramatica
Les séminaires que nous organisions nous amenaient à traduire des textes de bons auteurs, à fournir des bibliographies, et à écrire nos propres idées. Ferdinand Cuvelier, si poète et rêveur par moment, était particulièrement habile à structurer avec rigueur des concepts, inventer des exercices. Ses séminaires étaient un plaisir. En plus, il pouvait les mettre sur papier.
Avec son aide, nous fondâmes une petite revue, Folia Psychodramatica, destinée à recueillir des textes en langues différentes. Elle prît ensuite de l’extension dans la collaboration avec les Elefthery et l’International Foundation for Human Relations, mais un essai de la lancer à plus grand tirage amena sa ruine en 1972.
1968. La Verveine, Sezione Italiana et Elvira Pancheri
Entre-temps nous avions fait du psychodrame avec Elvira Pancheri, italienne de Trento, qui faisait une spécialisation en psychologie sous ma responsabilité, et logeait chez nous. De ce temps là on était moins attentif aux incompatibilités des personnes. Est-ce leur équilibre qui nous permit d’en sortir sans trop de difficultés et en amitié ?
Elle nous invita au printemps 1986 à faire une formation de psychodrame en Italie. Nous y allèrent Dorothée et moi, avec Herman Engelhard, environ 4 fois par an lors de week-ends prolongés, 8 fois de suite dans des villes différentes. Puis le groupe fut repris par Elvira et Sergio Capranico, avec Frans Bruyning, que nous avions appris à connaître dans le groupe Eleflhery, et qui connaissait parfaitement l’italien. De là la Verveine italienne, les deux numéros italiens de Folia Psychodramatica, et de bons amis.
1969. L’International Foundation for Human Relations
Les premiers groupes Elefthery eurent lieu dans le cadre de la Nederlandse Vereniging voor Groepspsychotherapie. Par la suite, ces groupes s’autonomisèrent et un organisme indépendant fut fondé par acte devant notaire : « l’International Foundation for Human Relations. Study and application of psychodrama Group therapy, Group functioning improvement, training and consulting » avec Dean Elefthery comme président. Les Moreno acceptèrent la présidence et vice-présidence honoraires.
Les plans étaient grands, et en effet nous débarquâmes en Angleterre pour y parler du psychodrame à la Royal Society. On conquit la Scandinavie, prépara le Congrès International de Psychodrame à Amsterdam, et je fus chargé d’organiser et mener avec Dorothée -qui avait suivi à l’International Foundation un des groupes de formation- et Herman Engelhard un groupe de formation en français, pour la Foundation. (avril 1970) en parallèle avec les groupes anglais menés par Dean et Doreen Elefthery, ce qui était fort agréable et instructif.
En fait, le recrutement de ce groupe se fit par la Verveine, belge et italienne, et après 4 semaines de formation, une bonne partie des membres, dont Bernard Robinson et Geneviève Turner continuèrent leur formation à la Verveine.
De même d’autres anciens et nouveaux de la Verveine, qui avaient une connaissance suffisante de l’anglais, furent adressés à des groupes menés par Dean et Doreen Elefthery et eurent une double formation.(André Moreau, Jacques Taminiau, Annie Mattheeuws, Nicole De Neuter, Monique Hageman,…).
Les colloques de Drongen (1970) et Louvain (1972)
Le congrès d’Amsterdam (1971)
La formation à la Verveine comprenait en plus des groupes thérapeutiques-didactiques de l’époque, des séminaires que nous avions appelés soit théoriques, soit techniques, soit d’application. La formation à la Foundation se limitait au début à 4 fois une semaine résidentielle de groupe. L’idée fut d’y ajouter un séminaire de 4 jours pour des membres des 4 groupes Foundation et quelques uns de la Verveine que l’anglais n’effrayait pas.
J’organisai avec Ferdinand Cuvelier le premier séminaire dans la vieille abbaye de Drongen près de Gand. Il y eut 49 participants, et un beau choix, bien structuré, d’exposés par des membres spécialement qualifiés de la Foundation.
II y eût aussi excursion sur la Lys, souper aux moules, spectacle de mimes. soirée dansante, qui en firent une fête des rencontres intergroupes.
Le 6ème Congrès International de Psychodrame à Amsterdam (1971) fut organisé par le Prof. Jan Dijkhuis comme chairman. Mon expérience de Drongen m’amena à en être co-chairman. Il y eut un petit millier de personnes, et assez bien de Verveinards.
Il amena plus d’ouvertures vers d’autres psychodramatistes, et le colloque suivant de la Foundation que j’organisai avec Jacques Taminiau à Louvain en 1972, au Collège du Pape, fut ouvert un peu plus largement. II y avait des ateliers dont celui de Grete Leutz fut très marquant, et amena son invitation à la Verveine. Les Lemoine présentèrent un chapitre de ce qui deviendra leur livre. Il y eût une mémorable soirée, organisée par Jacques qui avait le sens de la fête au château d’Opheylissem avec du folklore belge: drapeaux. géants etc.
1971. Programme de formation
De notre travail et de ces échanges internationaux avec la Foundation (Amsterdam), le Groupe de Sociométrie (Paris), la SEPT (Paris), l’Interaktie Akademie (Hove, l’Association de Psychothérapeutes de Groupe (Bruxelles), la Nederlandse Vereniging voor Groep-Psychotherapie (Pays-Bas) et autres sortit progressivement un modèle de formation qui fut présenté au Congrès de Psychologie Appliquée à Liège en 1971 (Fontaine 1972).
Il utilisait cinq instruments:(l) l’accompagnement individuel et la supervision, (2) le groupe d’expérience thérapeutique, (3) le groupe didactique ou de perfectionnement, (4) le stage et la pratique supervisée, (5)les séminaires et les lectures.
Il y avait quatre niveaux de formation: (I) le participant actif, (II) l’assistant stagiaire, (III) le co-animateur responsable sous supervision, (IV) l’animateur formé indépendant.
Ce modèle est resté dans ses grandes lignes inchangé depuis lors, sauf une accentuation à partir de 1973 de la différence entre le groupe thérapeutique et le groupe didactique, et une meilleure élaboration du système d’évaluation et de reconnaissance.
Des pratiques
Au cours de ces dix dernières années différentes formes de pratiques se sont développées. Je voudrais en relever cinq (qui d’ailleurs toutes dans l’un ou l’autre cadre se continuent en Belgique).
1. Les jeunes handicapés en institution
En septembre 1964 nous commençâmes, avec deux assistants, des groupes d’adolescentes avec handicap mental et social. (Fontaine e.a.1967, 1971) à I’IMP ( Institut Médico Pédagogique) de Lovenjoel. L’année suivante on y organisa aussi des groupes réguliers de psychodrame avec les éducateurs (Cuvelier 1964). Ce psychodrame avec handicapés continua pendant une quinzaine d’années à Lovenjoel (jusqu’au départ de certains psychodramatistes). Il permit à beaucoup de membres de la Verveine de faire leurs premières armes. Des équipes s’organisèrent aussi dans d’autres IMP: Spa, Namur: École de Plein Air. Ensemble leurs animateurs formèrent le premier groupe d’Intervision de la Verveine.
A la même époque nous fîmes des essais de psychodrame individuel avec des handicapés moteurs cérébraux (IMC) à Landegem. Ce travail fut élargi à du sociodrame par Bernadette Back.
2. Les jeunes adolescents en consultation ambulatoire
Au Centre de Guidance UCL à Woluwé, Maggy Siméon commença un groupe au début des années 70.
Des centres PMS (Psycho Medico Sociaux) aussi firent des essais avec enfants et adolescents (André Finn,1977)
3. Les malades mentaux hospitalisés
Deux cliniques débutèrent à la même période: la clinique universitaire psychiatrique de Lovenjoel (cfr D. Fontaine dans ce numéro), et la clinique de Fond’Roy à Bruxelles.
Dans la première on vit essentiellement du psychodrame avec un groupe de vie de patients, et intégré dans la vie de leur section. Dans le deuxième lieu se développa surtout du psychodrame individuel ou bien en groupes rassemblant des patients de différents pavillons avec une équipe plus importante (deux mi-temps).
Ces cliniques offrirent aux personnes en formation des possibilités importantes de stage d’assistant.
4. Le jeu de rôle de formation ou psychodrame pédagogique
Dès le début le jeu de rôle fut employé aux cliniques universitaires à Louvain, puis a Woluwé, pour la formation de psychologues et psychiatres à la consultation et à la psychothérapie individuelle. La méthode ainsi que la différence avec le psychodrame thérapeutique et ses avantages furent décrits (Hayez 1975, Fontaine 1975).
Le jeu de rôle a également été utilisé dans la formation d’infirmières, d’enseignants et d’éducateurs spécialisés.
5. Le psychodrame thérapeutique ou de développement personnel
Les groupes thérapeutiques(-didactiques) de la Verveine sont composés de personnes dont les buts peuvent se rejoindre, mais avec des accents différents dus à des motivations différentes : (1) ceux dont la motivation principale serait à long terme de se former « au » psychodrame c’est à dire à apprendre à l’utiliser, mais qui désirent aussi le vivre en amenant leurs propres problèmes, (2) ceux qui viennent se former « par » le psychodrame, apprendre à mieux comprendre les autres, eux-mêmes et leurs relations pour mieux exercer leur métier de travailleur de santé mentale, (3) ceux qui cherchent à travers le psychodrame un développement de leur personne et de leurs relations, (4) des personnes qui se sentent en difficulté, souffrent et cherchent une cure, sans avoir besoin d’un traitement plus intensif. En effet, les groupes thérapeutiques pour problèmes plus lourds se réunissent plus régulièrement et comptent moins de participants.
1972. La relève: la nouvelle génération
À partir de 1967, nous sortîmes de nos maladies d’enfance. Le programme de formation fut moins morcelé -fini de manger à la carte à gauche et à droite-, et plus structuré. II y eut deux groupes fixes: un avec Jean-Claude Quintart et moi-même, et avec Dorothée comme observatrice, et un autre avec Anne Ancelin-Schützenberger qui venait quatre fois par an. Des psychodramatistes firent des exposés a l’université. L’année suivante (68-69) nous avions trois groupes (en plus le groupe italien). L’année d’après cinq groupes (en plus un nouveau groupe Quintart-Dorothée, et le nouveau groupe français de la Foundation) et nous devions refuser, remettre, réorienter plus de 40 personnes. Notre croissance était donc considérable. Dans ces groupes se sont trouvés des participants qui ont voulu pousser leur formation et sont restés à la Verveine: en 1968 commencent leur formation psychodramatique Freddy Turner (un ancien du mouvement T-Group), Jacques Taminiau (étudiant psycho) et Chantal Nève; en 1969 Jean-Yves Hayez; en 1970 Geneviève Turner, Bernard Robinson, Elisabeth Croufer, qui tous deviendront animateur à la Verveine.
À partir de 1972 Freddy et Geneviève Turner commencent à animer trois groupes, un avec chacun des Fontaine, et un autre avec Jean-Yves Hayez; Jean-Claude Quintart anime un groupe avec Nicole De Neuter, et les Fontaine un groupe de perfectionnement pour les plus avancés.
L’année suivante Elisabeth Croufer, Chantal Nève, Chantal Servais, Jacques Taminiau et Maggy Siméon se joignent aux équipes comme stagiaires ego-auxiliaires.
Ensemble nous formons un Groupe de 12 qui prend la Verveine en main. Les réunions d’organisation se multiplient. Nous entrons ainsi dans une nouvelle période que je voudrais laisser à cette nouvelle génération le soin de décrire.
Conclusion en métaphore
En parcourant les dix premières années de la Verveine telles que je les vois d’où je me suis trouvé, on pourrait parler de sa conception dans un coup de foudre pour les T-Groups avec psychodrame. d’une portée au sein de l’École des Parents, d’une naissance officielle prématurée en 1963, de la naissance du groupe en 1964, d’un baptême à l’infusion chez la sage-femme, de maladies d’enfance telles leaderless group, attrapées à l’école des copains, de formation de bande, d’acquisition d’identité face à et grâce a la Foundation, d’entrée dans le monde, de bals à Drongen, Louvain, Amsterdam, et d’apparition d’une nouvelle génération qui prend la relève. »
Bibliographie concernant le texte « Histoire de La Verveine » :
ANCELIN-SCHUTZENBERGER; A. Précis de psychodrame, Paris Editions Universitaires 1966.
ANCELIN-SCHUTZENBERGER. A. Communication à la Table Ronde sur la Formation au Psychodrame a l’International Meeting of Psychodrama à Barcelona 29.10-1.11 88.
CUVELIER. F., Groepswerk met opvoeders in een MPI ter verbetering van hun therapeutische houding ten overstaan van mentaal gehandikapte meisjes. Folia Psychodramatica (Leuven) vol 2 (3) 101-106 1969
FINN, A. e.a. Approche de la problématique des adolescents à travers des groupes d’évolution à option thérapeutique. Revue de Neuropsychiatrie infantile 25 (2), 139-)50, 1977.
FONTAINE, D. Intégration du psychodrame en Institut Psychiatrique.
Folia Psychodramatica Vo1.7 (1) 1988.
FONTAINE, P. D’une formation et d’une qualification de psychodramatiste; p881-891 in Tome I Actes du XVlle Congrès de Psychologie Appliquée Liége l971, Bruxelles. Editest 1972.
FONTAINE, P. Psychodrame chez des adolescentes débiles mentales en institution (suivi de discussion par Tosquelles) Revue de Thérapie Institutionnelle n° 5, p.111-114. 1967.
FONTAINE, P. Psychodrame chez des adolescents handicapés en institution. Bulletin de Psychologie (Paris) 23 p.923-926 1971.
FONTAINE, P. Structuration en jeu de rôle de formation Acta Psychiatrica Belgica 75 p 904-915 1975.
FONTAINE, P Communication à la Table Ronde sur la Formation au Psychodrame à l’international Meeting of Psychodrama. Barcelona 29.10-1.11.88.
HAYEZ ,J.Y. Intérêt du jeu de rôle dans un groupe de formation professionnelle. Acta Psychiatrica Belg. 75, 916-919, 1975.
Texte rédigé par Jacques Michelet,